avec HARMONIA LENIS • La Suave Melodia • Musique italienne

Musique instrumentale du Seicento : Canzon, Sonata, Sinfonia

Le nom de ce programme, titre d’une pièce d’Andrea Falconiero, illustre bien la révolution musicale qui eut lieu au tournant du XVIIème siècle en Italie.

Dans le domaine de la musique vocale, tout d’abord, on passe (non sans heurts !) du contrepoint parfait de ce qu’on appelle alors la Prima prattica, dans la ligne directe des compositeurs de la fin de la Renaissance comme Palestrina (1525/6-1594), à la Seconda prattica, beaucoup plus libre dans le traitement des dissonances. Ces licences que prennent les compositeurs ont pour but de renforcer l’expression du texte : c’est lui qui guide l’écriture musicale, et non pas l’inverse (le fameux Primo le parole …). Parallèlement, on passe d’une écriture purement polyphonique à un style de mélodie accompagnée, permettant au chanteur un maximum de libertés afin d’exprimer au mieux son texte.

Dans le domaine de la musique instrumentale, cette brèche ouverte dans la polyphonie vers un style soliste ouvre la porte à l’écriture propre à chaque instrument. De nouvelles formes spécifiquement instrumentales apparaissent, comme la Toccata, nom provenant du verbe toccare, toucher (comme on touche un instrument à la différence du chant) ou la Sonata, du verbe sonare, sonner (par opposition à chanter), dont on commence à spécifier l’instrumentation (sonata per il violino, et non plus pour un instrument soprano). L’écriture polyphonique n’est pas abandonnée pour autant, en témoignent les nombreuses canzone, fantasie et autres ricercare, où le contrepoint est la base de la composition.

Avec

LES TIMBRES (France)
Yoko Kawakubo
violon
Myriam Rignol viole de gambe
Julien Wolfs orgue et clavecin

& HARMONIA LENIS (Japon)
Kenichi Mizuuchi flûtes à bec
Akemi Murakami clavecin et orgue

Programme

Claudio MONTEVERDI (1567-1643)
Orfeo, Toccata
Chiome d’oro : Ritornello primo, secondo & terzo

Francesco TURINI (ca.1589-1656)
Madrigali, Sonate à due, & à tre. Libro Primo (Venise, 1621),
Sonata a due canti
Agostino GUERRIERI (fl. première moitié du XVIIe siècle)
Sonate di violino […] Opera Prima (Venise 1673),
La Viviani, sonata a 3

Tarquinio MERULA (1594/5-1665)
Canzoni overo Sonate concertate per chiesa e camera (Venise, 1637),
La Cattarina
Giovanni Paolo CIMA (ca. 1570-1630)
Concerti Ecclesiastici […] (Milan, 1610), Sonata a 3
Giovanni Martino CESARE (ca.1590-1667)
Musicali melodie (Munich, 1621), La Gioia

Andrea FALCONIERO (1585/6-1656)
Il primo libro di canzone, sinfonie, fantasie […] (Naples, 1650)
L’Eroica, Brando dicho el Melo, La Suave Melodia,
Folias echa para mi Señora Doña Tarolilla de Carallenos

E n t r a c t e

Giovanni GABRIELI (1554/7-1612)
Œuvre pour clavier, Canzon II
Giovanni Battista RICCIO (fin XVIe – après 1621)
Il Secondo Libro delle divine lodi musicali (Venise, 1614),
Canzon a doi soprani in echo
Giovanni GABRIELI
Canzoni et Sonate (1615), Sonata XXI con tre violini

Marco UCCELLINI (1603-1680)
Sonate, Correnti et Arie da Camera e da Chiesa […] (Venise, 1645)
Sonata seconda a violino solo detta “La Luciminia contenta”

Giovanni Battista BUONAMENTE (fin XVIe siècle-1642)
Il quarto libro de varie sonate […] per due Violini e un Basso di Viola (Venise, 1626)
Sinfonia seconda, Gagliarda quarta
Dario CASTELLO (fl. première moitié du XVIIe siècle)
Sonate Concertate In Stil Moderno […] Libro Primo (Venise, 1621),
Sonata quinta
Sonate Concertate In Stil Moderno […] Libro Secondo (Venise, 1644),
Sonata Duodecima

 

Revue de presse

« Interprétation particulièrement réussie »

Gérard Pangon,
Musikzen, janvier 2016

PRESQUE IDÉAL

« Alors que les éditeurs cherchent parfois midi à quatorze heures pour titrer un album de manière accrocheuse, le titre de celui-ci est à la fois des plus classiques et des plus explicites. Emprunté à une des pièces d’Andrea Falconiero (ou Falconieri, il y a deux écoles), il définit parfaitement ces musiques moelleuses, douces et affables, gentiment harmonieuses, qui jouent sur la mélodie plus que sur la polyphonie.

L’émotion, la sensibilité comme la sensualité viennent ainsi du jeu sur les timbres, donc de l’alliance ou de la friction des instruments, viole de gambe, flûte à bec, violon, orgue et clavecin. Là encore, le nom des ensembles qui interprètent est éloquent : Les Timbres, associé aux Japonais d’Harmonia Lenis. Pas étonnant, alors que leur interprétation soit particulièrement réussie. »

« Le discours touche au cœur »

Philippe Ramin,
Diapason, février 2016

5 DIAPASONS

« On reste admiratif devant le travail accompli, devant le naturel de la virtuosité expressive. Dès la première pièce de Falconiero, le discours touche au cœur avec la plus sincère persuasion. La finesse du traitement mélodique et l’éloquence du contrepoint font mouche, la richesse du phrasé évite toute verticalité hors de propos.

La lumière nouvelle jetée sur ce répertoire est d’autant plus séduisante qu’elle ne repose pas sur un attirail d’artifices mais sur l’épanouissement d’un dialogue amical, qui ne cède jamais aux sirènes de l’esthétisant ou du spectaculaire. »

« Les jeunes musiciens nous transportent par la vitalité de cette musique peu connue et l’enthousiasme contagieux de leur virtuosité »

Alain Huc de Vaubert,
Resmusica, décembre 2015

À EMPORTER

« Rarement un programme n’aura aussi bien mérité et porté son titre que le parcours jubilatoire proposé par Les Timbres, associés au duo japonais Harmonia Lenis dans des pièces instrumentales du premier baroque.

Les jeunes musiciens nous transportent par la vitalité de cette musique peu connue et l’enthousiasme contagieux de leur virtuosité.
Madrigaux instrumentaux, sonates, canzon de Turini, Merula, Cima, Falconiero, Cesare, Gabrieli, Riccio ou Castello se succèdent et se télescopent en une énergie jubilatoire dominée par les flûtes de l’étonnant Kenichi Mizuuchi.

Le consort se divise parfois en trois chœurs, jouant de spatialisation sonore dans le très périlleux exercice d’un instrument par partie, qui ne tolère pas la moindre approximation. C’est ainsi que l’on est charmé par un délectable dialogue entre le violon de Yoko Kawabuko et les flûtes de Kenichi Mizuuchi, qui alterne selon les pièces entre des instruments soprano, ténor et basse, variant les couleurs et les sonorités selon la tessiture et la tonalité. On apprécie son aisance dans ces pièces de haute voltige et l’on se régale d’une belle circulation des thèmes entre les pupitres, favorisée par une prise de son de grande qualité.

À côté de suites de danses du XVIe siècle, on goûte de belles recettes baroques sur des basses obstinées qui demeurent longtemps en tête. Avec la  Folia de Falconiero à trois chœurs et La Cattarina de Merula, l’un des sommets du disque consiste sans doute en cette Canzon à deux dessus de Riccio, avec un dessus de viole en écho, comme une voix d’ange. »

« Touche à l’essentiel et à l’excellence de la musique »

田中泰 (Yasushi Tanaka),
revue BRAVO ぶらあぼ, mai 2013

APPLAUDISSEMENTS DU TONNERRE

« La légèreté de la musique de l’ensemble Les Timbres nous rafraîchit comme le printemps reverdit la nature. Une atmosphère inhabituelle et extrêmement agréable immerge le public dans la salle.

La quintessence de cet ensemble est vraiment la liberté d’interprétation jouxtée à une manière interrompue d’intéresser l’auditeur pour plein de raisons musicales !

Cet ensemble baroque touche à l’essentiel et à l’excellence de la musique.

Après des applaudissements du tonnerre, le public a été invité à monter sur scène pour voir les instruments de près. C’était aussi un moment inhabituel mais une bien bonne surprise ! »