OPERA DE POCHE • Jean-Baptiste Lully, Proserpine
Version d'Anvers - 1682
Tragédie en musique sur un livret de Philippe Quinault, Proserpine fut créée le 3 février 1680 à Saint-Germain en Laye. A cette date, Lully est à la tête de l’Académie Royale de musique depuis déjà 8 ans, et il règne en maître sur le monde musical de la Cour du Roi Soleil, dont il a éclipsé par sa renommée et son caractère la plupart de ses collègues compositeurs dramatiques.
Cette tragédie en musique suscita l’enthousiasme de ses contemporains, comme en témoignent Madame de Sévigné dans sa lettre du 9 février 1680 : « l’opéra est au dessus de tous les autres », et le nombre de reprises de cette œuvre : plus de 10 fois entre 1680 et 1758 à Fontainebleau et au théâtre du Palais Royal, elle fut représentée également à Wolfenbüttel en 1685, à Amsterdam, le 15 septembre 1688 et en 1703 ; des représentations eurent lieu également à Lyon en 1694, à Rouen en 1695. Proserpine fut un des premiers opéras représentés à Anvers, fin 1682, du vivant de son auteur, et c’est cette version là dont nous proposons la re-création.
Au musée Vleeshuis d’Anvers, les partitions originales utilisées lors de cette représentation sont conservées. Grâce au concours du conservateur du musée, nous avons pu accéder aux partitions, et en avoir des copies. Ces partitions sont d’un intérêt extrême, car elles permettent de déduire facilement l’instrumentation utilisée pour cette représentation : 2 dessus et basse-continue. Cette instrumentation, qui peut surprendre actuellement (réduisant l’effectif d’un opéra à une poignée de musiciens !), était des plus courante à l’époque : en effet, l’orchestre de Lully était alors très fourni – 5 parties de cordes et de nombreux vents -, et il était donc difficile d’imaginer pouvoir jouer avec cette formation dans un cadre restreint. Réduire l’effectif instrumental permettait ainsi de pouvoir « transporter » la musique (comme on le fait peut-être aujourd’hui avec les enregistrements ?). Cette instrumentation légère convient particulièrement à notre ensemble Les Timbres et à notre passion pour la musique de chambre. Et l’on peut dire que la version d’Anvers de Proserpine de Lully est une version de musique de chambre d’un grand opéra français.
Avec
PROSERPINE : Julia Kirchner dessus
CÉRÈS : Cécile Pilorger bas-dessus
MERCURE : Branislav Rakic haute-contre
ALPHÉE : Josep Benet taille
JUPITER : Josep Cabré basse-taille
PLUTON : Marc Busnel basse
Yoko Kawakubo et Maite Larburu violon
Elise Ferrière flûtes à bec
Benoît Laurent hautbois et flûtes à bec
Myriam Rignol viole de gambe
Etienne Floutier violone
Julien Wolfs clavecin
Miléna Duflo percussions
Jana Rémond mise en espace
Synopsis
Cérès, déesse de la fertilité et des moissons, reçoit par l’intermédiaire de Mercure l’ordre de quitter la Sicile et de partir répandre ses bienfaits sur la Phrygie. Elle confie alors aux soins de ses suivantes sa fille, Proserpine, qu’elle a eue de Jupiter, dont elle a été aimée et qu’elle aime encore. C’est alors que Pluton enlève Proserpine. Les suivantes de Cérès descendent aux Enfers pour y chercher Proserpine, mais pendant ce temps, revenue en Sicile, Cérès cherche sa fille en vain et, folle de douleur et d’incertitude, brûle les moissons qu’elle a favorisées. Pluton cherche à charmer Proserpine, que les suivantes ont retrouvée, mais Proserpine lui résiste. Malgré la puissance de Jupiter, le père de Proserpine, Pluton est décidé à conserver Proserpine, et deux suivantes vont informer Cérès de la situation. La déesse implore alors Jupiter qui tranche : Proserpine partagera son temps entre son époux, Pluton, et sa mère.
Revue de presse
« Les situations, l’enchaînement des épisodes, la noblesse comme le raffinement poétique du drame sont superbement défendus »
Alexandre Pham,
Classiquenews, juillet 2015
LECTURE TRÈS ABOUTIE DE LA THÉÂTRALITÉ
« Il en découle une version colorée et dramatiquement expressive dont le découpage, réalisé par les Timbres offre un superbe aperçu d’une oeuvre maîtresse : Proserpine, opéra de la maturité de Lully (créé en 1680, après les sommets que sont Alceste, Atys, Isis, Psyché II, Bellérophon propres aux années 1670), et dans lequel, Louis XIV fait ses adieux à la Montespan, à la faveur de la nouvelle maîtresse et compagne du Roi-soleil, la Maintenon.
Le rapport des instruments et des voix permet une lecture très aboutie de la théâtralité déclamée du Grand Siècle, sans que l’on perde ni l’esprit de solennité ni l’éclat suave de la partition originellement conçue pour un effectif plus important. A la superbe plasticité des musiciens sur scène répond aussi, selon la nécessité du drame, le chant des groupes instrumentaux et vocaux, placés sous la nef (parmi le public, et au delà, pour l’effet de résonance des chœurs infernaux, vers le chevet du vaisseau).
Les situations, l’enchaînement des épisodes, la noblesse comme le raffinement poétique du drame sont superbement défendus, toujours grâce à l’écoute et la complicité entretenues, favorisées sans ostentation par les 3 instrumentistes, piliers des Timbres. »