à 3 • Dietrich Buxtehude • Sonates en Trio

Suonate à doi, 1 violino et viola da gamba con cembalo • Hambourg opus 1 - 1694, opus 2 -1696

Si le formidable compositeur qu’était Dietrich Buxtehude (1637-1707) commence à retrouver une place plus en accord avec celle qu’il occupa de son vivant, c’est en grande partie grâce à la curiosité suscitée par ce voyage que fit Johann Sebastian Bach lorsque, âgé de vingt ans, il parcourut à pied les 400 km séparant sa ville d’Arnstad de celle de Lübeck pour y rencontrer le vieux maître. Parti avec une permission de quatre semaines, il revint au bout de quatre… mois !

L’enseignement de Buxtehude fut capital dans l’évolution du style de Bach, à tel point que le conseil municipal d’Arnstad s’est plaint à son retour « qu’il faisait depuis ce voyage d’étonnantes variations dans ses chorals, qu’il y mêlait des accord étranges, de telle sorte que la communauté en était fort troublée ».

Rien d’étonnant dans l’envie de Bach de rencontrer Buxtehude : celui-ci bénéficiait, en tant qu’organiste et compositeur, d’une aura exceptionnelle, rehaussée du prestige acquis par ses Abendmusiken, des concerts spirituels institués par son beau-père, auxquels il donna un retentissement croissant au cours des quarante années qu’il passa à Lübeck. Il était simplement considéré comme l’un des plus grands musiciens de l’Allemagne du Nord.

Cependant, Buxtehude n’a que très peu publié : huit œuvres de circonstance (cantates nuptiales, pièces funèbres), et deux grandes publications, deux recueils de sept sonates en trio pour violon, viole de gambe et clavecin, les Opus 1 et 2. C’est dire le soin qu’il a dû apporter à ces dernières, destinées à un large public ! Le premier opus fut publié vers 1694 par Buxtehude à compte d’auteur, le second en 1696 financé par l’éditeur lui-même : le premier avait dû recevoir un accueil très positif ! Leur renommée fut importante au point qu’en 1724 encore (et en 30 ans, les goûts changent !), le français Sébastien de Brossard écrit dans son Catalogue qu’il s’agit “d’excellentes pieces mais dont l’execution me paroît fort difficile” [sic]. Ces sonates en trio sont écrites pour violon, viole de gambe et basse continue, une formation fort en vogue à cette époque en Allemagne, mais Buxtehude précise que la partie de basse continue est à réaliser par le clavecin seul, ce qui en fait des pièces destinées précisément à la formation de base de notre ensemble.

Enfin, ces sonates sont de parfaits exemples du ‘stylus fantasticus’ : leurs nombreux mouvements s’enchaînent dans une dynamique purement baroque en passant sans arrêt d’un affect à l’autre, de sections extrêmement virtuoses à des chromatismes déchirants de lenteur, d’une écriture à trois parties à des solos, … Mais derrière ce style imprévisible, on peut déceler un plan soigné et une grande unité. Bien qu’écrites pour une petite formation en comparaison des fastueuses cantates qu’a pu composer Buxtehude, ces sonates comptent sans aucun doute parmi les chefs-d’œuvre du plus grand compositeur de l’Allemagne du Nord de la seconde partie du 17ème siècle.

Avec

Yoko Kawakubo violon
Myriam Rignol viole de gambe
Julien Wolfs clavecin

Programme

Dietrich Buxtehude (1637-1707)
Suonate à doi, 1 violino et viola da gamba con cembalo
Extraites des opus 1 et 2 (Hambourg 1694 et 1696)

Sortie discographique de l’intégrale des sonates en trio opus 1 & 2 de Buxtehude le 20 novembre 2020.

Revue de presse

BFC Classique, novembre 2020

Cinq émissions sur cette nouvelle parution discographique

« Déjà couverts d’or chez Rameau et Couperin, Les Timbres subjuguent par leur finesse dans des trios qui débordent d’inventivité et de charme. »

Jean-Christophe Pucek,
Diapason, février 2021

DIAPASON D’OR

« Rares sont les ensembles à réunir les deux recueils en un même album ; Les Timbres y captivent par leur finesse et leur humilité. Très soudé, le trio fait le pari de l’écoute mutuelle plutôt que celui d’une virtuosité individuelle dont il a pourtant les moyens. Sans perdre en relief ni en audace, la musique gagne en intériorité. »

« Fantastiques, ces sonates de Buxtehude ! »

Nathalie Niervèze,
Classique Mais pas Has been, décembre 2020

Après Couperin et Rameau, l’ensemble Les Timbres s’attaque à un géant de la musique allemande du XVIIe siècle, Dietrich Buxtehude, et enregistre deux opus de sonates pour violon et viole de gambe avec clavecin.

Les Timbres, constitué de ces membres fondateurs Yoko Kawakubo au violon, Myriam Rignol à la viole de gambe et Julien Wolfs au clavecin, propose au disque cet automne deux opus de sonates de Dietrich Buxtehude, compositeur allemand du XVIIe siècle. Ces sonates d’une grande virtuosité témoignent d’une écriture musicale en vigueur à l’époque en Allemagne et en Italie : le Stylus phantasticus. Ouh la la, du latin… Pas de panique : à l’image du théâtre d’improvisation qui permet aux acteurs de s’approprier leur voix et leur corps sans avoir la pression d’un texte impressionnant, cette technique d’écriture musicale passe par l’improvisation instrumentale pour mettre au point une technique idiomatique, c’est-à-dire adaptée aux capacités de l’instrumentiste et de l’instrument en se détachant de l’art vocal et donc du texte.

« Hautement recommandable ! »

Philippe Gut,
Opéramusiclassic, janvier 2021

Ces « Sonate à due » pour violon, viole de gambe et clavecin de l’austère Buxtehude (c. 1637-1707) sont une révélation. Elles portent les n° d’opus 1 et 2 se composant de sept sonates chacun et s’articulant en un nombre variable de mouvements d’une extraordinaire diversité. Elles ressortissent en effet tout à la fois du « stylus phantasticus »  en vogue en Allemagne en cette fin de XVIIesiècle que du style italien qui séduira Bach plus tard ou même du style français. Elles exaltent les instruments ici mis en valeur témoignant du respect de la musique traditionnelle de la part de Buxtehude, organiste révéré de la Marienkirche de Lubeck, et d’une recherche futuriste tout à fait inattendue. Point de danse à la française ici et pourtant l’envie de danser se fait jour à l’écoute de ces pages magnifiquement exécutées par l’ensemble Les Timbres (la violoniste japonaise Yoko Kawakubo, la violiste française Myriam Rignol et le claveciniste belge Julien Wolfs), trois musiciens d’une merveilleuse complicité qui font chanter des œuvres chatoyantes. Hautement recommandable !

« Il fallait bien les Timbres, pour faire scintiller une des plus belles partitions baroques »

Cyril Brun,
Cyrano Musique, décembre 2020

On ne présente plus l’ensemble Les Timbres, du moins pour les amateurs. Il est probable que le grand public ne connaisse pas encore suffisamment ce trio au nom bien porté. Si ce qui donne la couleur à une interprétation réside pour partie dans celle des instruments, la richesse et la variété s’exhalent, elles, de la mise en relief des timbres. Ici, nous retrouvons l’instrumental pour lui-même, pour son timbre, non dissout dans le trio, un peu à la manière des couleurs de Debussy, mais au service d’une partition qui justement fait la part belle aux harmonies.

« L’apogée du stylus phantasticus par Les Timbres dans les sonates de Buxtehude »

Cécile Glaenzer,
Resmusica, décembre 2020

Après un enregistrement remarqué des Concerts Royaux de François Couperin, l’ensemble Les Timbres nous propose une intégrale des sonates en trio de Dietrich Buxtehude sous le label belge Flora.
Selon la définition d’Athanasius Kircher en 1650, le stylus phantasticus est « la plus libre et la moins contrainte des méthodes de composition ». Il se caractérise par une grande liberté de tempi et une virtuosité des traits, en un enchaînement de sections très contrastées donnant l’impression d’une improvisation libre. Issu de la musique italienne pour clavier de Frescobaldi et de ses contemporains, ce style a irrigué l’écriture instrumentale allemande de la deuxième moitié du XVIIᵉ siècle (Biber, Schmelzer, Reincken …).

« Les Timbres dépoussièrent un Buxtehude que l’on imaginait moins… pétillant »

L'Alsace, décembre 2020

« On admire la pureté instrumentale des instrumentistes »

Jean-Pierre Robert,
On Mag, janvier 2021

Ce disque met en lumière une facette mal connue de Dietrich Buxtehude,  compositeur plutôt associé à l’orgue et à la musique vocale. Ses sonates  »a due » pour violon et viole de gambe sont le reflet de l’essor de la musique instrumentale au XVIIe siècle en Allemagne. Elles sont interprétées par un ensemble, Les Timbres, qui a déjà à son actif de prestigieuses réalisations, en particulier de pièces de Rameau et de Couperin.

« Un exercice de haute voltige ! »

Jean-Stéphane Sourd Durand,
BaroquiadeS, décembre 2020

Lors de la sélection d’un disque, nous arrêtons généralement notre choix soit sur le nom du compositeur auquel est dédié l’enregistrement, soit sur celui de l’ensemble interprétant les œuvres. La couverture joue le plus souvent un rôle mineur. En l’occurrence, c’est elle qui a attiré notre regard. Elle reprend en majeure partie le tableau Das Vogelkonzert (1670) du peintre néerlandais Melchior de Hondecoeter (1636-1695). Son nom demeure, encore de nos jours, comme étant l’un des maîtres de la peinture animalière et de natures mortes.

 

« Une qualité de jeu, équilibrée, pleine et savoureuse »

Franck Mallet ,
Musikzen, novembre 2020

Attaché au festival Musique et Mémoire (Haute-Saône) six ans durant, le trio belgo-franco-nippon Les Timbres poursuit désormais une résidence avec Bach en Combrailles (Auvergne) axée sur la musique allemande qui précède Bach, à l’appui de ce nouveau double-ablum consacré aux opus 1 et 2 de Buxtehude, datés respectivement de 1694 et 1696. Yoko Kawakubo (violon), Myriam Rignol (viole de gambe) et Julien Wolfs jouent à fond la carte de la liberté, de l’habileté et des règles secrètes de l’harmonie – pour paraphraser la formule du « stylus phantasticus » défini par Kircher, au milieu du XVIIe siècle. Déjà remarqué dans ses enregistrements consacrés à l’Italie de 1600, Rameau et François Couperin (voir ici), l’ensemble apporte une variété de ton incomparable à ces quatorze sonates, dont la dynamique baroque glisse de la virtuosité à la langueur la plus intense, en passant par le dialogue le plus fourni entre les trois instruments – à l’image de la plus extraordinaire de toutes, la 5ème, de l’op. 2 ! À cela s’ajoute une qualité de jeu, équilibrée, pleine et savoureuse.

« Une version scintillante, inspirée et qui restitue bien l’esprit de « fantaisie » »

Frédéric Norac,
Musicologie.org, novembre 2020

Datées respectivement de 1694 (opus 1) et de 1696 (opus 2), ces 14 sonates « a due » — traduisez « sonates en trio » puisqu’elles unissent aux deux dessus, violon et viole de gambe, la basse continue du clavecin —, surprendront ceux qui imaginent Buxtehude comme un austère compositeur de chorals pour orgue et de cantates dont le seul mérite est d’annoncer l’œuvre futur de Jean-Sébastien Bach. Typiques du style dit « phantasticus », elles font se succéder une série de mouvements brefs — jusqu’à treize pour un format moyen de moins de dix minutes — dont la seule unité est donnée par l’harmonie et qui s’ingénient à surprendre l’auditeur par la liberté d’invention mélodique et d’étonnantes rupture de tons de l’un à l’autre. Marquées tout à la fois par l’influence de la musique italienne (Corelli) et celle des suites à la française, elles développent toutefois un style entièrement original qui ouvre la voie à la naissance d’une musique faisant la part belle à la virtuosité instrumentale.

« Volubilité éclectique et libre des Timbres »

Classiquenews, novembre 2020

Propres aux années 1690 (l’Opus I est publié à Hambourg en 1694 ; l’Opus II, en 1696, et dans la foulée du succès du précédent), les deux recueils de «  Sonate à due, violino et violadagamba con cembalo ») s’inscrivent parfaitement dans l’esthétique phantasticus de cette fin de siècle qui en terres germaniques, fusionne les écritures italiennes (de Corelli à Monteverdi…) et nordiques (sans omettre la touche d’élégance lullyste, marque d’une assimilation de la mode française. cf Sonata 5 de l’Opus I) : ici règne la liberté d’une écriture virtuose, sans prétexte dramatique ni suite de danses (à l’exception de la seule gigue finale de la Sonate 3 Opus II). Une première offrande majeure à l’essor de la musique pure et abstraite.

Le geste impétueux, subtil, imprévu (proche de l’improvisation) structure ce goût de la musique pure qui grâce aux Timbres, devient captivante expérimentation. On y détecte cette complicité délectable entre les 3 complices de toujours : la violoniste japonaise Yoko Kawakubo, la violiste française Myriam Rignol et le claveciniste belge Julien Wolfs.